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Born To Ride

Born To Ride 2022 "Voyage en Italie"

Donatelle Liens, ancienne Nationale 2 Femmes du club, a vaillamment poussé son vélo de Manosque jusqu’à Siena durant l’édition 2022 de Born To Ride « Voyage en Italie » du 3 au 9 juin. 

Le principe de la course de bikepacking Born To Ride est simple : chaque année les organisateurs choisissent 1 départ, 1 arrivée et 4 points de passage obligatoires. Le reste c’est aux cyclistes de décider en étant en totale autonomie ! C’est la société Chilkoot qui organise la course. Cette dernière propose des voyages autour de thématiques littéraires, historiques ou géographiques. Cette année, la BTR célèbre l’anniversaire de ses 10 ans par un voyage en 6 étapes sur les traces du « voyage en Italie » de l’écrivain Jean Giono. 

Durant cette édition 2022, Donatelle a donc traversé l’Italie en passant par : 

Étape 1 : Manosque – Montgenèvre
Étape 2 : Montgenèvre – Arona
Étape 3 : Arona – Brescia
Étape 4 : Brescia – Venezia
Étape 5 : Venezia – Bologna
Étape 6 : Bologna – Firenze – Siena

… Le tout pour un total de 1 200km et 15 000D+. 

 

Étape 1 / Manosque – Montgenèvre

Mettre les voiles au départ de Manosque, portée par les encouragements de Sylvie Giono dans la première bosse. Je me laisse ensuite glisser dans la descente et le voyage prend progressivement forme sous mes yeux. Ça y est, j’y suis !

Longer la Durance, puis le lac de Serre-Ponçon, après l’ascension entre le barrage jusqu’au Muséoscope et regretter de ne pouvoir y faire un plouf pour se remettre du coup de chaud post lasagnes. Les couches de crème solaire se superposent à la vitesse grand V.

Une Montgenèvre fantomatique comme premier point d’arrivée bien mérité à la nuit tout juste tombée. Une mousse, à défaut d’un repas, et on redescend fissa !

Étape 2 / La Vachette – Arona

Réveil en douceur sur le vélo dans la fraîcheur de la vallée, bien que quasi à jeun. Le partage équitable du butin du matin me permet de parcourir les quelques kilomètres entre la Vachette et la Clarée.

Engloutir un petit déjeuner 5 étoiles au soleil, au détour d’un chalet magique, avant de rejoindre le col de l’Échelle et basculer côté Italie. Se laisser griser par la vitesse sur le plat de l’asphalte, puis rencontrer Césare au détour d’une départementale et finir attablée, attendrie par une trilogie de pâtes et un verre de Chianti.

Je somnole dans les rizières tout l’après-midi, pas de mirages, seuls quelques hérons pour nous narguer. Croiser Laurent en fin de journée, partager des bouts de vie entre deux parts de pizza aux asperges et c’est reparti dans la nuit.

Étape 3 / Arona – Brescia

La matinée fut citadine et bruyante, après une nuit les yeux ouverts, passée dans un carré d’herbe urbaine.

Je n’ai pas pu apprécier les étoiles sans mes lentilles mais j’ai eu le loisir de redessiner la Voie Lactée dans ma tête en comptant les moutons et les moustiques. Dans le bivy c’est pas pool party et le temps se fait long. 

J’oublie de dormir depuis trois jours, le sommeil en option.

Ça bouchonne à Côme, on passe finalement son tour pour en faire le tour, vu que la circulation joue à la queuleuleu sur des kilomètres et que le slalom ne m’inspire pas des masses. J’ai loupé le lac et continué parmi les poids lourds… Il y a des jours avec et des jours sans.

Étape 4 / Brescia – Venise

Repartir sous la pluie jusqu’au lac de Garde, où le cioccolato caldo fait revenir le soleil et le sourire.

On quitte les grands axes pour aller chercher les villages et les marchés. Boost de fruits avant de traverser Vérone, s’en mettre plein la vue sans s’attarder.

Grand calme, grand beau, il fait chaud sur le chemin des vignes mais l’après-midi la grimpette se poursuit à l’ombre des châtaigniers.

À peine le temps de remplir les bidons une fois arrivés en haut que l’averse nous rattrape. Benoît nous partage la tranche à sucre de son melon sous le porche d’une trattoria endormie. On savoure l’attente, puis on repart en meute pour rallier Venise à la tombée du soleil, cadeau de fin d’étape.

Étape 5 / Venise – Bologne

Jour sans, ni la tête, ni les jambes. Traversée du désert rythmée par les morceaux qui passent dans mon oreille droite. Mode automatique activé, puiser plus loin que ce que l’on a l’habitude de faire, constater que ça tient, bien que moins vite et de ce fait moins loin.

Être envoûtée en accéléré par les lumières de Padoue, puis négocier quelques cerises réconfortantes avec l’épouvantail.

S’arrêter usée pour booker une chambrée, la carotte à suivre jusqu’à Bologne pour continuer. Avaler une pizette dodue et dorée, faire du voodoo pour que les jambons se réveillent et carburer ce qu’il reste.

Se laisser berner par une taverne insipide en ville, la bière partagée éponge à peine l’indigestion de fin de journée. Coup de grâce et al letto.

Étape 6 / Bologne – Sienne

Sortie du tunnel, le parpaing toujours dans le ventre, mais la motivation retrouvée.

Je mange ce que je peux pour mettre du carburant dans la machine et on rejoint progressivement les petites routes del Parco Storico di Monte Sole.

Ça grimpe doux, les pauses ravitaillement sont méthodiques et savoureuses. La descente vécue comme un cadeau, souple et légère, le ballon de baudruche s’envole enfin, les jambes de nouveau là.

1230 km et 8700 mètres de dénivelé plus tard, c’est à Sienne que le périple prend fin, dans le dédale des pavés d’une ville qui festoie quand la nuit se dessine.

On finit sans s’en rendre compte, soulagement, écusson de finisher, bière fraîche, dîner partagé, échanges précieux, rebondissements à gérer, clap de fin.

Impressions de Donatelle  :

M’étant inscrite sur un coup de tête et tardivement à cette BTR, je ne savais pas trop ce que je venais chercher, si ce n’est rouler et me dépasser.

Je n’ai pas retrouvé l’Italie que je me figurais, mais la balance s’est largement équilibrée dans la densité des souvenirs et des expériences vécues ces quelques jours.

À défaut d’avoir eu beaucoup de temps pour me plonger dans les maps, que je n’ai globalement pas retravaillées, j’ai voulu m’assurer de partir avec un vélo nickel en tout point.

Sur les conseils de Cycle Service, j’ai opté pour le montage d’une paire de roues à la carte, avec une roue avant pourvue d’un moyeu dynamo. J’ai également changé de cintre pour permettre l’installation de prolongateurs adaptés à une pratique d’ultra distance.

En parallèle, ils m’ont recommandé une selle en fonction de ma morphologie. Après essai d’un premier modèle de selle SMP sur mon premier 300, cochant presque toutes les cases, le second modèle s’est avéré être le bon. Avec l’impression d’être dans un fauteuil sur le vélo, j’étais prête à affronter le long sans appréhender les douleurs habituelles.

Après quelques sorties pour me familiariser avec les prolongateurs, je n’ai pas regretté de les avoir sur la BTR, surtout sur les longues portions de plat dans la région du Piémont et dans la plaine du Pô. Mon dos et mes cervicales m’ont remercié. Puis c’était bien pratique de pouvoir y accrocher sacoche, sac de couchage, bivy et compagnie.

La marque Dyed In The Wool m’a également accompagné dans le choix de mon set up pour cette BTR, me proposant des sacoches ultra light. Et il valait mieux qu’elles soient light, tout comme le vélo d’ailleurs, vu que je suis partie plutôt chargée ! Poids qui ne m’a pas dérangé plus que ça une fois sur le vélo par contre.

Côté préparation physique, Claire a adapté mon entraînement sur les deux mois que j’avais devant moi avant de prendre le départ de la BTR. Je faisais pas mal de spécifique en semaine sur le HT et le week-end je mettais l’accent sur les sorties longues pour habituer le corps à avaler des kilomètres à un rythme de croisière adapté.

La BTR m’a permis de me tester sur une première expérience ultra, sans recherche de classement ni de performance, mais avant tout pour me familiariser avec une nouvelle pratique.

Je suis heureuse que le corps ait tenu, sans souci physique majeur, ni fatigue notoire, malgré le manque de sommeil qui s’est accumulé au fil des jours.

J’ai également été épargnée niveau problèmes mécaniques, étant partie avec un vélo parfaitement révisé et monté.

Il a fallu que le corps s’acclimate aux fortes chaleurs en plus de devoir s’habituer à l’alimentation de chaque jour. J’ai fait face à de petits épisodes d’indigestions que j’ai appris à gérer sur le vélo, en adaptant le rythme en fonction, le temps que ça passe.

Cette première immersion dans le monde de l’ultra me donne envie de poursuivre afin de m’autonomiser encore plus, tout en optimisant ce qui peut l’être au niveau de mon packetage et de la stratégie adaptée chaque jour.